Foi, connectivité et valeurs familiales à l’ère digitale

En préambule, de quoi parlons-nous ?
La Commission des conférences épiscopales de l’Union européenne (COMECE) a été créée en 1980 avec l’approbation du Saint-Siège pour représenter les conférences épiscopales de l’Union Européenne auprès des institutions européennes.
Au sein de la COMECE, le COMECE Youth Net est le réseau des jeunes délégués par les épiscopats de l’Union Européenne. Il agit en tant qu’organe consultatif au sein du Secrétariat de la COMECE. Chaque année, il publie une contribution sur un sujet qui lui semble particulièrement important.

Les récentes remarques du Pape François, ainsi que l’éclairage doctrinal de « Vers une totale présence », publié par le Dicastère pour la communication, invitent les individus du monde entier à réfléchir à la trajectoire des avancées technologiques et à s’engager dans l’élaboration de nouveaux cadres éthiques pour la communication. En réponse à la transformation numérique rapide qui impacte les sociétés européennes, la contribution de cette année souligne la nécessité pour les décideurs politiques de l’Union Européenne de prioriser valeurs familiales et éthique chrétienne à l’ère numérique. Clotilde Lacoste, qui représente le diocèse du Luxembourg au COMECE Youth Net, a contribué à la rédaction de ce document. Elle nous a expliqué le fonctionnement du réseau et les fruits qu’elle retire de cette expérience.

Clotilde Lacoste, vous êtes membre de la « présidence » du COMECE Youth Net. Qu’est-ce que cela signifie ?

La présidence est une équipe de travail qui comporte quatre membres, qui changent chaque année. Cette année, j’ai travaillé avec Miglé Viselgaité, lituanienne, Ruben Cuyvers, belge, et David Ogorevc, slovaque. Ce sont ces membres qui sont chargés de préparer la contribution annuelle du COMECE Youth Net. Le Youth Net existe depuis maintenant deux ans. C’est l’archevêque de Luxembourg, Monseigneur Hollerich, qui a pensé que ce serait utile pour la COMECE de disposer d’un organe de consultation de la jeunesse. À l’origine, le mandat au sein du réseau devait être de deux ans, mais nous allons continuer une année de plus avec les membres actuels.

Comment choisissez-vous votre thème d’étude ?

À l’automne, nous avons une semaine de prière au cours de laquelle nous essayons de discerner les thèmes particulièrement importants pour nous. L’année dernière notre contribution portait sur les racines chrétiennes de l’Union Européenne. Cette année, deux thèmes étaient ressortis : la digitalisation et la famille. Emilio Dogliani, conseiller de la COMECE qui est particulièrement chargé de piloter le Youth Net, a pensé que ce serait intéressant de combiner les deux.

Comment votre travail est-il organisé ?

Nous avons des réunions en ligne toute l’année et une par an en présentiel. L’année dernière à Bruxelles, cette année en Pologne. Après la semaine de prière et le choix du thème, la présidence prépare un questionnaire à l’attention de tous les membres. Nous faisons ensuite une synthèse des réponses et nous approfondissons notre réflexion grâce aux éléments qui sont évoqués par les uns et les autres. Sur la base de ce travail d’analyse, nous définissons des recommandations qui pourraient être mises en œuvre concrètement par l’Union Européenne. Par exemple, cette année, nous demandons un meilleur contrôle de la pornographie, en même temps que l’amélioration de la sensibilisation des citoyens aux ravages causés par elle.

Que retenez-vous de cette expérience ?

La rencontre avec les autres pays de l’Union était très riche, je perçois mieux aujourd’hui la réalité de la politique de chaque nation. Au Luxembourg, nous connaissons bien l’Europe de l’ouest, mais moins bien l’Europe de l’est. La rencontre avec des jeunes de ces pays m’a permis de porter un regard neuf sur leur vie publique. J’ai vingt-deux ans, je commence à devenir adulte, et je me rends davantage compte à quel point la politique nous concerne nous aussi, les jeunes. Pendant nos rencontres de Belgique ou de Pologne, le fait de pouvoir nous adresser aux évêques, et qu’ils nous écoutent, ont été des moments très fort. Pour la présentation de la première contribution, à Bruxelles, nous avons aussi pu rencontrer des députés. Ils nous ont écouté, même si je ne suis pas sûre qu’ils nous aient entendus. Quoi qu’il en soit, même si l’expérience ne profitait qu’aux membres du Youth Net – et je suis sûre qu’elle profite à beaucoup d’autres - cela vaudrait la peine. Il ne faut pas oublier que la rencontre entre chrétiens est à la base de la création de l’Union Européenne.