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What Keeps Us Together When We Disagree
Journées d’études internationales de la Luxembourg School of Religion & Society
Réfléchir à What Keep Us Together When We Disagree, voilà ce que proposait la Luxembourg School of Religion & Society les jeudi 21 et vendredi 22 mars dernier. Un thème crucial pour l’Église alors que le Synode a mis en évidence sa riche diversité mais aussi les tensions entre les différentes manières de vivre la foi. Soixante-dix participants ont suivi les deux jours de conférence introduits par la question posée par les organisateurs, le Prof. Dr. Jean Ehret (LSRS) et le Prof. Dr. Jochen Sautermeister (University of Bonn) : Keeping Together – Still Possible ? Peut-on s’engager dans des discussions respectueuses, être en profond désaccord, sans pour autant nier que les autres sont des chrétiens fidèles ? Outre les orateurs, la conférence a accueilli des « observateurs » de différentes régions et traditions.
À l’issue d’une première journée de travail sur Keeping Together – A Transdiciplinary Approach et après une eucharistie présidée par le cardinal Jean-Claude Hollerich, le Prof. Dr. Tomáš Halík, récemment nommé professeur honoraire de la LSRS, a prononcé sa leçon inaugurale, devant un public nombreux, quelques 120 personnes, et attentif.
Rappelons que la leçon inaugurale d’un professeur nouvellement arrivé dans une institution est l’occasion pour lui de situer ses travaux, ses thèmes de recherche, et de les présenter à la communauté académique et au grand public. La leçon du Prof. Dr Tomáš Halík se proposait d’aborder : The End of Modern Christianity, A Kairos for Transformation. Partant du synode sur la synodalité, le théologien appelle de ses vœux une diffusion de ce processus d’écoute, qui ne doit pas rester au niveau institutionnel mais devenir un réel changement d’état d’esprit. Dans ce cadre, la création d’un réseau de réflexion lui semble essentiel, pour l’Église et pour la société toute entière, et la LSRS pourrait en devenir un élément central.
« Une part du rôle prophétique de l’Église est de lire les signes des temps » rappelle le professeur Halík, pour qui il convient de faire la distinction entre « l’esprit du temps », qui est le « langage du monde », et les « signes des temps », qui sont le langage de Dieu à travers les événements du monde. Comprendre le langage de Dieu dans les événements de notre monde exige l’art du discernement spirituel. Tomáš Halík veut présenter une kairologie, une herméneutique théologique des changements culturels et sociétaux, inspirée de la méthode ignatienne du « discernement spirituel ».
Analysant le passage de l’époque moderne à l’époque post-moderne, le professeur incite à un approfondissement de la théologie et de la spiritualité. Il espère un renouveau de l’œcuménisme, qui doit passer de l’œcuménisme entre chrétiens à une recherche d’unité avec tous les croyants et les non-croyants. L’Église, en tant que sacrement dynamique, est à ses yeux un chemin vers l’unité de toute l’humanité dans le Christ. « La première mission de l’Église est l’évangélisation, une évangélisation humble dont la fécondité passe par l’inculturation », expose-t-il avant de mettre en garde contre le triomphalisme de l’ecclesia militans quand elle se considère déjà comme ecclesia triumphans. « Une Église qui enseigne cesse d’être une Église qui apprend » indique-t-il.
Répondant aux propos du Prof. Dr. Halík, le cardinal G. Rysz a imaginé une nouvelle stratégie pastorale, qui serait une transition du dialogue vers un chemin commun : « le chemin que l’Église doit prendre est un chemin qui la mène en dehors d’elle-même vers toutes les nations ».
Vendredi après-midi, les participants étaient invités à réfléchir à la question de la sagesse : « Keeping Together – Towards Wisdom ». Les actes des journées d’étude seront publiés avant la fin de l’été.
Pour plus d’informations : office@lsrs.lu
Né à Prague en 1948, le Prof. Dr. Tomáš Halík est diplômé en sociologie, philosophie et psychologie de la faculté de philosophie de l’université Charles de Prague (doctorat en 1972). Il a étudié la théologie dans la clandestinité à Prague et, après 1989, a entrepris des études de troisième cycle à l’Université pontificale du Latran à Rome et à la Faculté théologique pontificale de Wroclaw (ThDr. hab.). Ordonné prêtre clandestinement à Erfurt en 1978, il a travaillé dans l’ « Église clandestine », où il était l’un des plus proches collaborateurs du cardinal Tomášek. Il a étroitement collaboré avec le futur président Václav Havel et est devenu l’un de ses conseillers après 1989. Il est actuellement professeur de sociologie à l’université Charles de Prague (département des études religieuses, faculté des arts), pasteur de la paroisse académique et président de l’Académie chrétienne tchèque (depuis 1990). Depuis 1989, il a donné des cours dans plusieurs universités et conférences scientifiques internationales en Europe, aux États-Unis, en Asie, en Australie, au Canada et en Afrique du Sud ; il a également été professeur invité à l’université d’Oxford, à l’université de Cambridge et à l’université de Harvard.