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Priedegten 2023  
12 mai 2023

Marie, signe d’espérance certaine en temps de crise

Homélie de Renée Schmit du 12 mai 2023

Lecture de Apocalypse selon saint Jean (Ap 12,1-12)

Un grand signe apparut dans le ciel : une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles. Elle est enceinte, elle crie, dans les douleurs et la torture d’un enfantement.

Un autre signe apparut dans le ciel : un grand dragon, rouge feu, avec sept têtes et dix cornes, et, sur chacune des sept têtes, un diadème. Sa queue, entraînant le tiers des étoiles du ciel, les précipita sur la terre. Le Dragon vint se poster devant la femme qui allait enfanter, afin de dévorer l’enfant dès sa naissance.

Or, elle mit au monde un fils, un enfant mâle, celui qui sera le berger de toutes les nations, les conduisant avec un sceptre de fer. L’enfant fut enlevé jusqu’auprès de Dieu et de son Trône, et la Femme s’enfuit au désert, où Dieu lui a préparé une place, pour qu’elle y soit nourrie pendant mille deux cent soixante jours.

Il y eut alors un combat dans le ciel : Michel, avec ses anges, dut combattre le Dragon. Le Dragon, lui aussi, combattait avec ses anges, mais il ne fut pas le plus fort ; pour eux désormais, nulle place dans le ciel. Oui, il fut rejeté, le grand Dragon, le Serpent des origines, celui qu’on nomme Diable et Satan, le séducteur du monde entier. Il fut jeté sur la terre, et ses anges furent jetés avec lui.

Alors j’entendis dans le ciel une voix forte, qui proclamait : « Maintenant voici le salut, la puissance et le règne de notre Dieu, voici le pouvoir de son Christ ! Car il est rejeté, l’accusateur de nos frères, lui qui les accusait, jour et nuit, devant notre Dieu. Eux-mêmes l’ont vaincu par le sang de l’Agneau, par la parole dont ils furent les témoins ; détachés de leur propre vie, ils sont allés jusqu’à mourir. Cieux, soyez donc dans la joie, et vous qui avez aux cieux votre demeure ! Malheur à la terre et à la mer : le diable est descendu vers vous, plein d’une grande fureur ; il sait qu’il lui reste peu de temps. »


Chers amis dans le Seigneur,

L’autel votif devant nous a été conçu de telle sorte qu’il oriente notre regard sur la statue de la Consolatrice des Affligés.

Nous sommes habitués à la voir dans de magnifiques vêtements. Mais vous savez bien que cette statue représente aussi par elle-même une magnifique statue de l’Immaculée, une femme enceinte tenant la lune sous ses pieds. Elle rappelle ainsi la femme de l’Apocalypse décrite par saint Jean.

Cette femme, qui a mis au monde un fils, fut menacée, elle et son enfant, par un dragon rouge feu. Mais le Seigneur a sauvé la femme et l’enfant.

Voici l’interprétation que donna à cette scène saint Ambroise de Milan, né en 339 à Trêves : « Cette femme, c’est l’Église. Le soleil, c’est le Christ. La femme était habillée de soleil, car les croyants, qui forment l’Église, ont revêtu le Christ lors du baptême. La lune permet de comprendre le monde – puisqu’elle croît et décroît. L’Église presse la lune sous ses pieds pour dire qu’elle est totalement libre pour se tourner vers le ciel. » Malgré ses limites, l’Église est sous la protection du créateur.

Beaucoup plus tard, la femme de l’Apocalypse a été vue en relation avec la mère de Dieu. Le dragon n’a aucun pouvoir sur Jésus, son enfant. Il est ressuscité et « il est assis à la droite du Père », ce que nous proclamons dans le chant du Gloria.

Dans les deux cas, il s’agit d’images qui suscitent l’espérance. Les dragons au rouge vif représentent une menace : ainsi, des situations de crise, il s’en trouve tant, aussi bien dans le monde que dans notre vie personnelle.

Pour leur résister, les croyants comptent sur l’aide du Seigneur et la consolation de Marie qui fut consolé par Dieu. « Tu appelles Marie, elle répond, Esprit Saint. » C’est bien pour cela que la statue de la Consolatrice est si importante.

Durant des siècles d’innombrables pèlerins se sont agenouillés devant cette statue. Ils y ont prié, lui ont dit ce qui les oppressait et parfois ils ont même pleuré. Bien souvent, ils ont été spirituellement et corporellement réconfortés et ont pu repartir.

Dans un petit clin d’œil je vous rappelle que ma ville natale, Diekirch, a fait cadeau à la cathédrale, en 1866 lors des épidémies de choléra, un sceptre, qui fut offert festivement par le bourgmestre de l’époque.

Ce fut une expression tangible de la confiance en la puissance effective de la Mère de Dieu en des temps de crise où beaucoup de nos contemporains sont morts au cours de la pandémie de l’époque. Nous pourrions donner encore d’autres exemples : Jusque dans les camps de concentration ou dans des lieux d’exils la Consolatrice a été présente.

Et au cours de dernière guerre mondiale, beaucoup de fils ont gardé, sur les champs de bataille ou lors de haltes, comme un précieux trésor une petite image d’espérance de la Sainte Patronne avec le Rosaire qui leur tenait à cœur.

De même, lors de la reconstruction du pays, Marie s’est avérée comme étant un vrai signe d’espérance et les habitants de la Ville ont collecté de l’argent, pour la restauration du vitrail endommagé au-dessus de l’orgue symphonique.

À notre époque, nous de nouvelles crises avec de nouveaux défis se manifestent. Dans la dynamique de la nouvelle évangélisation, il ne faut pas que le sceptre de la Consolatrice soit réduit à une simple relique du passé : mais il doit rester le signe de l’unité qu’ensemble nous promouvons consciemment.

Si nous sommes honnêtes, nous avons besoin d’une ardeur renouvelée de la foi, un renouveau en profondeur à accueillir comme une grâce de la part de Dieu.

Le sceptre dans les mains de Marie signifie aussi une Église qui s’engage davantage pour la justice et qui, avec amour et persévérance, prend à cœur les soucis des hommes et des femmes de notre temps en les portant pour eux. Il nous faut construire une Église en profondeur par la prière et un engagement diaconal résolu.

Mais Marie ne porte pas seulement le sceptre dans sa main. Au bras un cœur en or est suspendu. Le cœur rappelle le cœur de la maman, un cœur plein d’amour, nullement rétrécie et tourné vers elle-même. C’est un cœur généreux, habité par le courage viril. Marie est capable d’ouvrir son grand cœur aux pèlerins de toutes les cultures et langues, un cœur littéralement « catholique », à savoir « universel ». Dans ce cœur doré, il y a une place pour chacun de nous, même pour ceux que nous ne voulons pas accueillir.

À elle, la femme de l’espérance et de toute consolation, nous pouvons ouvrir tout grand, en toute confiance, notre propre cœur. Sans doute veut-elle entendre la première ce qui nous oppresse, ce que nous ne pouvons pas bien maîtriser : dans nos vies de couple ou en famille. Il peut s’agir d’une vieille blessure, qui recommence à saigner ou d’un rêve existentiel qui s’est évanoui.

Vers Marie, nous pouvons nous tourner avec tous nos problèmes de vie, au moment de grandes décisions personnelles, quand nous voulons prendre consciemment un engagement concernant la conservation de la création ou pour les réfugiés, un engagement résolu pour la Vie naissante, etc.

Marie propose de lui offrir notre cœur, comme le disciple bien-aimé sous la croix.

Chers frères et sœurs,

En conclusion, je me propose de mentionner encore un autre attribut, visible sur la statue de la mère de Dieu. C’est une réplique de la clé de la ville. Avec une clé, on peut ouvrir ou fermer un accès.

Notre Église a besoin, sur son chemin d’avenir, de commencer par utiliser une clé permettant d’ouvrir des accès. Dans le cadre du Synode sur la synodalité de l’Église, nous sommes à la recherche de nouveaux accès pour mieux accomplir notre mission au 21e siècle. Pour les trouver et les ouvrir, il nous faut la prière et l’Esprit Saint qui permet à accéder en profondeur.

Pour le 31 mai, le jour où dans beaucoup de diocèses la Visitation sera fêtée, tous les catholiques sont invités par l’équipe du Synode à prier tout spécialement pour le Synode qui aura lieu au mois d’octobre. Confions à Marie cette intention si importante. Nous l’honorons aussi en tant que « celle qui défait les nœuds ». « Ce qu’Eve a noué par son manque de foi, Marie l’a dénoué par sa foi », comme l’exprime saint Irénée. La foi de Marie est la clé pour se laisser visiter par les grands défis de l’Église.

Chers pèlerins,

Soyons de tout notre cœur, reconnaissants pour la grâce de notre Octave et tournant résolument notre regard vers celle qui nous console dans notre existence et elle qui pour nous tous dans la foi un signe certain d’espérance certaine en temps de crise. Amen.

(traduit du luxembourgeois)

 
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